— Cessez de nous prendre pour des imbéciles, Monsieur Tango. Avouez que vous avez tué ce pauvre journaliste. Le tribunal saura tenir compte de vos aveux et vous accordera sans doute des circonstances atténuantes. Ainsi, nous pourrons tous aller nous coucher et notre ami Philibert n’aura plus à vous donner des coups de Bottin sur la tête pour vous remettre les idées en place.
— Mais, je vous assure, Monsieur l’Inspecteur, que je n’ai pas tué ce Laurent, journaliste. Je ne le connaissais pas. Je n’avais aucune raison de lui vouloir du mal.
L’inspecteur Lajoie était triste. Il était deux heures du matin. Cela faisait des plombes qu’il essayait de faire avouer ce Tango qu’il avait envie d’envoyer valser.
— Vous avez cependant avoué que vous étiez l’amant de Diane Chasseresse ! Et Monsieur Laurent vous avait démasqué. Je ne sais pas comment il l’avait découvert, mais cela vous faisait un mobile pour l’éliminer !
— Si j’avais voulu tuer quelqu’un, ce dont je suis bien incapable, c’eût été son mari, Monsieur Chasseresse.
— Vous auriez été capable de le faire aussi, d’autant que Diane Chasseresse vous accuse d’être le satyre-violeur que nous recherchons depuis plusieurs mois, celui qui garde toujours l’une des chaussures de ses victimes. Nous en déplorons trois ces trente derniers jours. Vous les reconnaissez ces chaussures ? demanda l’inspecteur Lajoie au présumé innocent Tango qu’il présumait coupable, en lui montrant les chaussures alignées derrière lui sur une étagère, comme autant de pièces à conviction.
— Vous n’allez pas me mettre sur le dos tous les crimes de la région !
— Madame Chasseresse nous a avoué que vous vouliez tuer Gabriel Chasseresse., et vous venez de nous le confirmer. C’est pour sauver son mari, pour lequel je suppose, elle conserve encore quelques sentiments, qu’elle vous a accusé d’être l’assassin des prostituées. Elle cherche à nous embrouiller. Entrave à la Justice, elle ne perd rien pour attendre… Elle dit avoir les preuves d’un crime que vous auriez commis et l’a confié à Monsieur Laurent. Vous le saviez, n’est-ce pas, qu’elle l’avait dit à Monsieur Laurent ? C’est pour cela que vous l’avez tué.
— C’est une obsession, commissaire, je vous dis que je ne connais pas ce Laurent. Pourquoi n’interrogez-vous pas Monsieur Chasseresse ? C’est lui qui a tué le journaliste puisque sa femme lui avait fait trop de confidences et accusait son mari d’être le violeur.
— Inspecteur, pas commissaire. Et ce n’est pas vous qui menez l’enquête, Monsieur Tango. C’est l’employé de la consigne de la gare qui a découvert le cadavre de Monsieur Laurent sous un train. Comment s’appelle-t-il déjà Philibert ?
— Vincenzo Peruggia, patron.
— Ah oui ! Vincenzo Peruggia, j’aurais dû le retenir. Le même nom que le voleur de la Joconde. Et bien, Monsieur Peruggia affirme vous avoir vu dans les parages de sa consigne. Qu’avez-vous à dire à cela ?
— Inspecteur ! Dit le planton de service en entrouvrant la porte, il y a là une demoiselle Livia Peruggia qui prétend avoir des révélations importantes au sujet de l’affaire du satyre.
Sans attendre de réponse la petite Livia entra dans le bureau de l’inspecteur Lajoie, avec à la main une chaussure qui faisait parfaitement la paire avec l’une de celles que l’on pouvait voir sur l’étagère. Elle disait l’avoir découverte dans les affaires de son oncle Vincenzo, grâce aux informations de son ami Laurent.
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