mardi, mai 29, 2007

Une coccinelle dans un champ de coquelicots

Un nouvel exercice d'écriture proposé par Les Impromptus Littéraires

Thème : "une coccinelle dans un champ de coquelicots"
Introduire dans le texte les mots suivants : "anacoluthe", "mais c'est pas vrai ça !", "un hélicoptère".

― Votre coccinelle a quitté la route et a atterri dans un champs de coquelicots ! Que voulez-vous que j’y fasse ?

― Rgnn bzz rheu bleb bleb bzzz

― Quoi ? Que je vienne la chercher avec un hélicoptère et Monsieur plaisante, je présume. Mais c’est pas vrai ça !

― Hubert, je crois bien que tu viens de faire une anacoluthe.

― Ah ! Ecoute, Berthe, c’est pas le moment !

2155

Le Thème : 2155

La première journée de travail de l’année avait été longue et difficile pour Jean-Paul Woerth. Il était 21h55 lorsqu’il arrêta son ordinateur.

Avant de s’éteindre, l’écran afficha furtivement un message d’anomalie qu’il eut à peine le temps de lire : « Erreur fatale : virus 2155 ».

Il n’avait pas le temps de s’occuper de cela. Il verrait demain. Il lui fallait encore passer chez le maroquinier. Il avait repéré un beau sac à main à 215,50 euros et comptait l’offrir à sa femme pour son anniversaire. Lui, ne pouvait oublier l’anniversaire d’Odile. Elle était née le 2/1/55 dans le département de la Côte d’Or. Ils avaient ensuite rejoint la Meuse pour des raisons professionnelles.

Il plaça le dossier 215-5 au coffre dont il brouilla la combinaison 5…2...1...5.

Les difficultés commencèrent lorsqu’il voulu entrer le code de l’alarme : 2.1.5.5. Après la troisième tentative infructueuse, l’alarme se déclencha et une sirène assourdissante raisonna dans l’immeuble. Il se demandait qui avait pu changer le code sans l’en avertir. Troublé et distrait, il ne su répondre à la question que lui posait au téléphone la centrale de surveillance. Dix minutes après, la police entrait dans l’immeuble.

Jean-Paul se disait qu’il était peut-être dangereux d’utiliser la date de naissance de sa femme pour tous ses codes et mots de passe, mais ce qui le fascinait le plus était le numéro matricule cousu sur la veste du policier qui l’interrogeait.

Vous m’écoutez Monsieur Woerth quand je vous parle ? lui demandait l’agent 2155.

lundi, mai 14, 2007

Tout ça, c’est des excuses

─ Ma voiture n’a pas démarré ce matin. Il a donc fallu que je retourne à la maison prendre un vieux billet qui me restait et courir jusqu’à l’arrêt de bus à trois cents mètres. Evidemment, le car est parti sous mon nez et j’ai dû attendre le suivant. J’étais en train d’oter un chewing-gum collé à mon talon en constatant que mes chaussettes étaient dépareillées quand la monnaie que j’avais dans la pochette de ma chemise est tombée dans l’allée. Il a fallu que je me mette à quatre pattes pour ramasser les pièces – regardez mes genoux de pantalons – quand le contrôleur m’a écrasé un doigt en me réclamant mon billet. En me relevant, j’ai été pris de vertige, d’une crampe et de fourmillements dans le pied. Ajoutez à cela que le bus ne manquait aucun nid-de-poule. C’est pour ça que j’ai pris une décharge électrique dans le coude sur le sac à main d’une grosse dame peinturlurée dont le parfum était plus entêtant qu’un munster de trois semaines. Visiblement, le contrôleur était mal dans sa peau. Faut dire qu’il avait un visage ingrat, des yeux surplombés de verres épais, un sourire constipé, des boutons, une haleine horrible, des oreilles en portes de grange et des épaules en carafe. Il parlait avec une patate chaude et je ne comprenais rien de ce qu’il me disait. Il m’a fait payer une amende parce que mon billet était soit disant périmé depuis plus de six mois. On était tellement serrés que j’avais le nez en plein sur l’aisselle moite et faisandée de mon voisin qui avait une odeur à couper au couteau de bovin diarrhéique.

Je n’ai pas pu vous prévenir. On m’a volé mon portable hier.

De toute manière, il était cassé.

─ Oui. Bon. Ça va. Rejoignez les autres. On reprend.

Les empaillés de La Ravoire

La consigne 46 : Pas d'incipit, mais une phrase à placer dans votre texte, à l'endroit choisi par vous:
"Seule l'écriture nous (me) sauvera de la gueule de bois"



« Seule l’écriture nous sauvera de la gueule de bois » avait dit Jean-Pierre en rédigeant une lettre de dénonciation.

Il avait assurément raison, car notre tour serait venu tôt ou tard.

En suivant les indications du billet anonyme, les gendarmes découvrirent les empaillés de La Ravoire.

Les journaux parlaient de cannibalisme. C’était faux. Nous étions une bande de copains et avions décidé que même la mort ne pourrait nous séparer.

Lorsque Petit Louis est mort, le reste de l’équipe l’a exhumé du cimetière puis taxedermisé.

Nous le retrouvions de temps en temps, dans notre chalet, perché en haut de la montagne, inaccessible. Il nous accompagnait toujours pendant nos fêtes et nos beuveries. Il était accordéoniste. Certes, il n’était pas très bavard et ne répondait plus à nos questions que par d’énigmatiques sourires que nous pouvions interpréter à notre guise, mais il était là. C’était l’essentiel. Il ne manquait personne.

Puis ce fut le tour de Jean, en 1997, emporté par une mauvaise grippe ; et de Paul, en 2002, qui dévissa de son rocher. Ils rejoignirent Petit Louis sur le banc en face de la cheminée.

Jean-Pierre a paniqué.

Pourtant, on ne faisait de mal à personne, monsieur l’inspecteur.