mardi, octobre 19, 2021

Bambaruush


 Après un long voyage de quelques années-lumière, notre engin était sur le point de se poser sur Bambaruush, une planète qui tourne autour de Mazaalai dans la constellation de la Grande Ourse. Elle suscitait le plus grand intérêt du milieu scientifique qui pensait avoir intercepté des tentatives de communication, ce qui laissait penser qu’elle était habitée.


Notre mission consistait par conséquent à le vérifier et nous aurions pu confirmer cette supposition dès notre approche car nous fûmes la cible d’une attaque surprise lors de l’abambaruushage.


Notre vaisseau spatial était criblé d’impacts de boulets de canons projetés depuis une caverne logée sur le plus haut sommet de la planète, mais ceux-ci ne lui causaient pas le moindre dommage. Nous parvînmes à nous poser sur un plateau recouvert de nappes de brouillard qui nous dissimulèrent, le temps d'envoyer une escouade d’androïdes éclaireurs pour reconnaitre le terrain et évaluer les risques à s’aventurer sur cette planète inhospitalière.


Nous suivions attentivement leur progression sur nos écrans de contrôle. Nous avions cru être agressés par des drones avant de comprendre que nous étions le jouet de jouets. Toute la collection Star Wars de chez Lego nous pilonnait, l’Impérial Star Destroyer en tête. Au sol, et à perte de vue s’avançaient sur nous les grenadiers de la garde napoléonienne, quelques poilus de la première guerre mondiale et même une tribu d’indiens, dans le plus grand désordre et une confusion extrême. Tout cela paraissait si dérisoire que nous ne songeâmes pas à riposter. Le danger venait plutôt de la quantité d’individus qui s’agglutinaient sur notre vaisseau comme les fourmis recouvrent un cadavre dans la forêt vierge. Il y avait en arrière plan des licornes blanches aux ailes couleur arc-en-ciel, des peluches de toutes tailles et des Pokémons en grande quantité. Tout ce petit monde était constamment approvisionné par des trains entiers de ravitaillements confectionnés par des poupées Barbie.


Ce que nous avions pris pour des montagnes et des vallées n’étaient que des puzzles géant en 3D qui s’effondraient les uns après les autres sous les projectiles des frondes et des catapultes. Afin que cette situation ne dégénère pas, nous sollicitâmes une trêve et obtinrent un entretien avec Super Mario et Harry Potter auxquels nous fîmes part de nos intentions pacifiques.


Ils nous expliquèrent que dès le mois d’octobre ils recevaient chaque année la visite de petits individus qui, sous l’autorité d’un vieux barbu habillé en rouge, pillaient leur planète et repartaient avec un important butin et de nombreux prisonniers sur des traineaux tirés par des rênes intergalactiques. Cela n’avait que trop duré !


samedi, octobre 09, 2021

Les feuilles d'automne


 Ah ! Mes amis, je suis contente de vous retrouver sur cette retenue d’eau. La chute n’est pas loin et qui sait ce que l’on deviendra lorsque nous l’aurons passée ? D’où venez-vous ? Je vous trouve tristes mines et ridées ! Et vous autres, là-bas, près des roseaux, étiez-vous trop exposées au soleil pour être aussi rouges ?


— Eh ! Curieuse ! On t’en pose des questions, nous ? Tu vois bien que l’on se repose. On est toutes fatiguées de s’être accrochées à la branche jusqu’à la limite de nos forces ! La saison a été dure. Coups de vent, orages, pluies diluviennes… Les saisons ne se font plus ! Toi, tu as l’air encore en forme. Comment fais-tu ?


— Oh ! Je n’ai pas de mérite. Je suis née sous un saule pleureur. N’imaginez pas que c’est triste. J’étais protégée par les copines des intempéries et je me balançais tranquillement au dessus de la rivière qui me roucoulait de petites chansons. La belle vie ! J’avoue que l’automne n’est pas ma saison préférée. On résiste, on résiste, mais il finit toujours par avoir le dernier mot. J’ai du quitter mon saule et me laisser porter au fil de l’eau. Je me demande si ce n’est pas pour cela qu’il pleure. C’est un arbre sentimental. Il ne se remet jamais de la perte de toutes ses feuillent qui le quittent en se jetant de désespoir dans la rivière.


Une feuille d’érable, très rouge, qui écoutait la conversation, crut bon de préciser que la vie était encore plus dure pour celles qui ne poussaient pas au dessus d’une rivière. Le vent aigre d’automne prenait un malin plaisir à les faire tourbillonner. Elles ne savaient jamais où elles allaient atterrir, et parfois, on les ramassait à la pelle !


Comme dans la chanson.