mardi, mai 06, 2008

Il y a quelque chose de terrible en moi

─ Il y a quelque chose de terrible en moi, Paul.

─ Arrête de te lamenter, je te prie. On a tous quelque chose de terrible en soi, et on ne s’en porte pas plus mal. Bien au contraire.

─ J’ai l’impression que mes rêves ne m’appartiennent plus.

─ Tu es classé catégorie « Moréno » par les assureurs. Tu ne peux pas espérer mieux. Tu bénéficies de la réduction maximale par rapport au tarif de base. Il n’y a que le Conseil Suprême qui puisse prétendre à la gratuité. Tu le sais bien.

─ Je sais tout cela, Paul, mais je ne m’appartiens plus. Il n’y a rien de moi qu’ils ne sachent dans l’instant. Ils reçoivent un térabit d’informations à la seconde. Ils savent où je suis, ce que je fais, mon état de santé, mon poids au milligramme près. C’est insupportable.

─ D’accord, mais tu bénéficies d’une sécurité totale. Tout le monde est conditionné et télécommandé, aujourd’hui. C’est le prix de la liberté.

─ Tu m’amuses avec ta liberté. Si, au moins, je savais où elle se trouve.

─ Quoi ? La liberté ?

─ Non ! Cette puce. Tu le fais exprès ou quoi ?

─ N’essaie pas de l’ôter, malheureux ! Ils la feraient immédiatement exploser.

1 commentaire:

Solange a dit…

On est au pays des robots? Je part en vacances je reviendrai continuer ma lecture au mois d'août.