samedi, décembre 22, 2012

Les gnomes à l'huile de tourneboule


Inutile de dire que mon visiteur était très déçu de ne pouvoir utiliser mon nègre pour réaliser ses exercices d'écriture.

Il marchera mieux un jour prochain, l'assurai-je. Il fait l'objet de toute mon attention et je réglerai bien vite ce léger problème qui m'empêche de partir à la conquête d'un marché prometteur.  Il faut passer cette période de rodage.

Pour oublier cette petite déception, je vais vous faire déguster un ou deux gnomes à l'huile de tourneboule. Vous m'en direz des nouvelles ! Il s'agit d'une délicieuse gourmandise dont se régalait déjà mon trisaïeul lorsqu'il était à la fac. Celui-là même qui a inventé le nègre.

J'ouvris donc une boite qui me restait de l'ancêtre, mais la date de péremption était largement dépassée et, visiblement, mes gnomes n'étaient plus très frais.

Le cauchemar continuait.

Je bafouillai quelques mots d'excuse, mais mes paroles furent emportées au loin par l'expression subite de son hilarité. De toute évidence, mon visiteur était convaincu de se trouver chez des personnes dont toutes les parties du cerveau n'étaient pas correctement reliées entre elles. Son visage passa rapidement du plaisant au sévère et il me lança un regard glacé, les lèvres pincées comme s'il venait de sucer un citron pas mûr.

Gêné, je baissai les yeux et constatai avec effarement que le lacet de sa chaussure gauche était deux fois plus court que celui de sa chaussure droite.

Je sais ce qu'il vous faut, lui dis-je : une machine à fabriquer les lacets de chaussures.

Il fit demi tour et partit en courant.


2 commentaires:

Solange a dit…

Je crois que j'aurais pris la fuite aussi.

Solange a dit…

J'adore, excellent... Pour lire toute l'histoire de La Rebelle, c'est là : http://salveragazzi.wordpress.com/rebelle/