lundi, février 23, 2009

Par quel miracle

Je ne sais plus par quel miracle je n’ai pas raté ma correspondance, tant la jeune fille à mes côtés était d’une beauté surhumaine.

Je suis d’ailleurs effrayé de mon insuffisance à vous en décrire la sublimité.Le torrent sombre de ses cheveux magnifiait un visage à arrêter les pendules et jamais les vibrations d’une rame de métro ne firent trembler ses luminaires au fond de prunelles plus pures.

Fine, svelte, avec des rondeurs d’une volupté presque immorale, elle portait un pantalon si moulant que je pouvais à peine respirer.

J’essayais vainement de m’extraire de l’abîme de son décolleté lorsque l’individu extraordinairement quelconque assis en face d’elle entama un cortège de banalités propre à assommer d’un coup un essaim d’éléphanteaux.

La jeune fille à l’indicible beauté l’interrompit par un péremptoire : Ne perdez pas votre temps, monsieur, je suis sourde et muette.

L’individu formidablement quelconque se mit alors à ouvrir et fermer la bouche en silence, comme un poisson rouge tombé du bocal.

Quant à moi, je battis le record du saut en hauteur, départ assis. Il me paraissait impossible d’avoir entendu ce que j’avais entendu.

La jeune fille, plus angélique qu’un ange et plus gracieuse qu’une déesse, se tourna vers moi et me confia : Je suis ventriloque et je lis sur les lèvres.

Pourtant, remarqua l’individu horriblement quelconque, vos lèvres bougent !

Pure coquetterie, précisa-t-elle.

En montant dans le train qui devait m’amener jusqu’au lac Baïkal, je me demandais quelles autres surprises me réservait ce voyage.

1 commentaire:

Solange a dit…

J'espère qu'on saura la suite de ce voyage bizarre.