— Alors, Simplicius, est-il exact que la terre bouge ?
— Taisez-vous, malheureux ! Evidemment pas !
Me croyez-vous assez obscurantiste, Salviati, et assez complotiste, pour imaginer comme ce fou de Giordano Bruno, que la terre n’est pas immobile ? Cet adepte du copernicanisme ne méritait que le bûcher qui l’a emporté en fumée. Figurez-vous qu’il étudiait depuis des années le De Revolutionibus Orbium Coelestium !
D’ailleurs, ce bon Galilée est revenu sur cette théorie dont il prétendait détenir des preuves. Sans mauvais jeu de mots, vous admettrez qu’affirmer que la terre bouge, c’est le monde à l’envers. Il s’est rétracté de justesse devant le Tribunal de l’Inquisition car cela sentait le roussi pour lui. Il s’est abjuré sur le fil ! Et quand je dis « sur le fil », c’était vraiment « sur le fil », in extrémis si vous préférez, et le Tribunal, dans sa grande bienveillance, s’est contenté de l’assigner à résidence.
Au demeurant, nous avons pu anéantir ces théories fantaisistes en apportant la preuve du contraire.
— Comment cela ?
— Un cousin de ma belle-soeur nous a rapporté qu’un mousse, ayant servi sur le Don de Dieu, ce navire de cent cinquante tonneaux parti à la découverte de nouveaux mondes, a raconté que le bateau avait du faire demi tour après avoir rencontré un mur en haute mer. Un mur impossible à contourner. Un mur infranchissable.
— Et qu’y avait-il derrière ce mur ?
— Qu’y avait-il derrière ce mur ? Vous en avez de bonnes, vous. Comment voulez-vous que je le sache ? Le vide, certainement. Suggérez-vous de l’abattre ? Nul ne souhaite que les océans se déversent dans l’abîme ! Enfin, Salviati, réfléchissez deux secondes !
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