lundi, mai 14, 2007

Les empaillés de La Ravoire

La consigne 46 : Pas d'incipit, mais une phrase à placer dans votre texte, à l'endroit choisi par vous:
"Seule l'écriture nous (me) sauvera de la gueule de bois"



« Seule l’écriture nous sauvera de la gueule de bois » avait dit Jean-Pierre en rédigeant une lettre de dénonciation.

Il avait assurément raison, car notre tour serait venu tôt ou tard.

En suivant les indications du billet anonyme, les gendarmes découvrirent les empaillés de La Ravoire.

Les journaux parlaient de cannibalisme. C’était faux. Nous étions une bande de copains et avions décidé que même la mort ne pourrait nous séparer.

Lorsque Petit Louis est mort, le reste de l’équipe l’a exhumé du cimetière puis taxedermisé.

Nous le retrouvions de temps en temps, dans notre chalet, perché en haut de la montagne, inaccessible. Il nous accompagnait toujours pendant nos fêtes et nos beuveries. Il était accordéoniste. Certes, il n’était pas très bavard et ne répondait plus à nos questions que par d’énigmatiques sourires que nous pouvions interpréter à notre guise, mais il était là. C’était l’essentiel. Il ne manquait personne.

Puis ce fut le tour de Jean, en 1997, emporté par une mauvaise grippe ; et de Paul, en 2002, qui dévissa de son rocher. Ils rejoignirent Petit Louis sur le banc en face de la cheminée.

Jean-Pierre a paniqué.

Pourtant, on ne faisait de mal à personne, monsieur l’inspecteur.

1 commentaire:

Solange a dit…

En dernier les réunions devaient être trenquilles