mardi, octobre 31, 2006

La vieille photographie

3 ème contribution à Obsolettres

Le thème : La vieille photographie. Un détail sur une vieille photographie révèle un secret de famille. Racontez.

Lorsque la vieille photographie tomba du portefeuille, Roland ne remarqua rien de particulier. Il la plaça à côté de lui et poursuivit l’inventaire du sac à main.

Ce n’est que lorsqu’il posa dessus, par le plus grand des hasards, sa puissante loupe de philatéliste, que son attention fut attirée par un imperceptible détail.

Il approcha son œil, mit l’objet à bonne distance afin d’obtenir la plus grande netteté possible.

Un frisson lui parcourut l’échine. Etait-ce possible ?

Ce qu’il voyait était invraisemblable. Il n’aurait jamais imaginé une chose pareille, surtout de tante Odette. De là à avoir des pratiques douteuses ou illicites, il n’y avait qu’un pas !

Le contour était incertain, à peine marqué, mais semblait bien présent. Et puis là, sur l’épaule, rien. En revanche, là, il semblait bien que…

Ca alors ! Roland n’en revenait pas.

Il devait en avoir le cœur net. Cette photo était un aveu. Elle levait le voile sur un secret que l’humanité entière aurait jugé inviolable.

C’est que n’importe quel individu, fut-il maladroit, vous aurait confectionné une femme plus aimable que tante Odette avec une bouteille de vinaigre et une pelote d’épingles. Personne ne l’avait jamais vu jouer avec un enfant, même pubère.

Aussi, le doute n’était-il pas permis, il s’imposait.

Au demeurant, l’intégrité morale de Roland lui interdisait de condamner sans certitudes. Le matériel photographique de l’époque ne possédait pas tous les perfectionnements actuels. La photo était très ancienne, un peu jaunie et avait subi les outrages du temps. On discernait même, par endroits, quelques auréoles.

Il décida, par conséquent, de porter la photographie au laboratoire afin de l’examiner plus attentivement et de supprimer toute ambiguïté.

Le verdict du microscope fut sans appel.

On distinguait même l’ombre de l’aréole sous la soie. Tante Odette ne portait pas de soutien-gorge.


dimanche, octobre 29, 2006

Page blanche, écran vide et autres miroirs.

46ème contribution à Impromptus littéraires

Le thème : Page blanche, écran vide et autres miroirs.


Une course folle à la poursuite du monstre les amena dans ce lugubre manoir aux allures de cathédrale.

La bâtisse était perdue au milieu des marécages et cette fois, il en était sûr, la bête ne pouvait plus se dérober.

Il était sur ses talons et entendait même le fer claudiquant de son pied-bot sur le marbre des couloirs.

Ayant aperçu à la faveur d’un éclair, l’ombre fantomatique de sa bosse disparaître dans l’entrebâillement d’une porte, il se précipita.

Un rapide coup d’œil circulaire lui fit prendre conscience de l’immensité de la salle dans laquelle il se trouvait. Elle aurait pu accueillir cent cavaliers et leurs palefrois. Les murs étaient recouverts de blasons disposés en alternance avec de gigantesques portraits de familles.

Dans un angle, tout un arsenal de matériels informatiques et d’écrans diffusait un grésillement de ligne à haute tension et une lumière blanchâtre. Ce modernisme contrastait avec le chandelier dont la lueur blafarde éclairait une feuille blanche sous un encrier. Il s’en dégageait un fort relent de siècles passés.

Son attention fut alors attirée par une psyché posée près d’une fenêtre ogivale. Son léger tremblement trahissait le passage du bossu.

Il crut entendre des ricanements. Un corbeau s’éloignait dans la lumière de l’orage en croassant.
Une fois encore, l’odieuse crapule Halloween s’était échappée.

Il aurait sa revanche et jura de la traquer jusqu’au bout du monde.

Suite au prochain épisode.

Oncle Dan referma le livre, déposa un tendre baiser sur le front de la petite Laurence qui dormait paisiblement, et quitta la chambre sans bruit.

Demain, ils iraient sur les plages de l’automne


vendredi, octobre 27, 2006

L'abstinence

2 ème contribution à Obsolettres

Le thème : L'abstinence.

Je suis, comme on dit, un bon vivant et, sans me vanter exagérément , je ne manque pas d’un certain courage. L’éverest, oui. La lune, oui. Mais l’abstinence ! Voilà donc cette fameuse « limite » à ma volonté !
On m’a loué les vertus de l’abstinance. On m’a prêché l’abstinence. On a exigé de moi l’abstinence.

L’abstinence me fascine.

Ils s’y sont tous mis, m’infligeant une overdose de Saintes Ecritures, le plein de chants grégoriens, de messes en grandes pompes et de sermons exotiques faits par des Pères missionnaires en permission. On m’a asséner retraites et séminaires. Rien n’y a fait.
Je ne dis pas que dans les premiers temps, ces lavages de cerveaux à la grâce divine ne faisaient pas vasciller mon esprit vulnérable. Je suivais ces retraites avec de grands sentiments de piété, un soin extrême de ne point pécher et une vive crainte de Dieu.

La voix du prédicateur, aux profondeurs océanes, faisait courir le long de mon échine, le frisson sacré. Je sortais de ces retraites plein de bonnes intentions et de résolutions définitives, aveuglé par mon enthousiasme juvénile exacerbé qui m’en masquait le caractère utopique.
L'illusion règnait en maîtresse dans mon crâne balayé par les vents de la passion. La Passion du Christ naturellement.

Qui n'a pas visité ces monastères sur fonds de grisaille, ne peut se faire une idée des âpres solitudes qui s'écoulent en ces lieux austères, où le temps a perdu toute signification. La mélancolie suinte de ces murs dépouillés où seul un crucifix, ici ou là, accroche le regard.
Ces êtres silencieux qui avaient choisi de consacrer leur vie à la prière et au travail me fascinaient. Ces "fous de Dieu" qui avaient tout sacrifié, tout abandonné, à commencer, semblait-il, par leur raison, recherchaient l'absolu dans le renoncement et vivaient une obsession de sainteté.

Pénétrer dans leur univers était en soi un privilège exorbitant, et notre emploi du temps était soigneusement contrôlé afin qu'il n'interfère pas avec celui de nos hôtes. Le jeu consistait par conséquent à échapper à cette surveillance pour surprendre les moines dans leurs tâches quotidiennes, leur poser des questions pour s'assurer qu'ils ne violaient pas la Loi du silence, et leur offrir des bonbons qu'ils ne pouvaient accepter sans commettre un péché de gourmandise. Abstinence. Abstinence. Quand tu nous tiens !

Avec mes compagnons de récollection, nous aimions fréquenter également les généreuses bibliothèques de ces lieux de silence. Elles avaient toutes en commun d'être atteintes d'une épidémie d'épîtres et d'épatantes épitomés. Ces hauts lieux de l'hagiographie recelaient des ouvrages dont nous étions friands, les biographies de Saints tenant plus du roman d'aventures, émaillé de miracles qui justifiaient les plus folles invraisemblances, que d'une quelconque théologie ésotérique et rébarbative.

Outre l'évasion intellectuelle qu'elle procurait, cette lecture de la vie des Saints et des missionnaires offrait l'occasion, dans la plus parfaite impunité, de se repaître de passages très hardis, pour ne pas dire osés, décrivant le parcours difficile de ces élus de Dieu qui n'étaient que des hommes avant de pratiquer l’abstinence et devenir des Saints. Ces lectures méphitiques, qui faisaient dériver nos imaginations galopines, auraient pu creuser des trous fumants dans nos orbites larmoyantes de fatigue. Mais quel régal, la nuit, à la Wonder, sous les couvertures du lit.

Prenez Saint Ignace de Loyola. Dans sa jeunesse, ce saint là s'adonnait davantage aux jeux, aux rixes et aux femmes qu'à la prière. C'était un habitué des endroits malfamés, hantés de rôdeurs, de pillards et de paillards. Etudiant, il vivait dans un véritable labyrinthe de ruelles infestées d'immondices, de bordels et de petite vérole. Finalement, ce Loyola était un bien mauvais sujet. Comment a-t-il pu épouser l’abstinence après cela ?

Tiens, c'était comme ce bon Père Charles de Foucauld. Encore un Saint à classer dans la catégorie « Cachez ce saint que je ne saurais voir ». Cela suffisait pour me le rendre sympathique. Cet officier fatigué d'avoir fait des frasques avec les femmes de mauvaise vie, lassé de s'enivrer de champagne qu'il buvait dans leurs chaussures, s'était fait missionnaire malgré les objurgations de son ami le général Laperrine. Quel est donc ce pouvoir de l’abstinence ?

Et j’en passe. Saint André et sa croix, Saint Sébastien et ses flèches, Sainte Hure et ses jeûnes étaient de trop grands classiques pour exciter encore notre curiosité. J'avais un faible, cependant, pour ce prophète du nom de Daniel, qui n'avait jamais pris un bain de sa vie et dont l'odeur de sainteté coupa l'appétit des lions les plus affamés. Non, notre imagination perverse trouvait davantage son compte avec les tortures infligées aux malheureux jésuites qui sont allés évangéliser le Canada, le Japon ou l'Ethiopie aux XVI° et XVII° siècles.

Plus de deux cents d'entre eux sont morts martyrs pendant cette période. Les indiens du Canada les suspendaient par les poignets à la cime de jeunes arbres, choisis en fonction de leur poids, pour que leurs pieds viennent frôler le sol préalablement recouvert de braises rouges. L'arbre faisait ressort et ramenait toujours le supplicié vers le feu, jusqu'à l'épuisement et l'asphyxie. Combien de membres coupés, d'ongles arrachés, de crânes scalpés, de corps écorchés vifs puis brûlés a-t-il fallu offrir à Dieu pour bâtir son Eglise ? Elle s'est édifiée sur la souffrance de ces hommes, massacrés pour avoir voulu imposer une religion qu'ils croyaient être la seule qu'un être humain pût admettre.

Trouvaient-ils leur force dans l’abstinence ?

Je doute encore.

N’est-ce pas fascinant ?


mercredi, octobre 25, 2006

C'est pas des farces !

13ème contribution à Paroles plurielles

La consigne 32 : Vous allez vous mettre dans la peau du sexe opposé et raconter quelque chose, de drôle ou de tragique, peu importe
Si vous êtes UN participant, votre texte se placera du point de vue de la femme ou de la fillette.
Si vous êtes UNE participante, votre texte se placera du point de vue de l'homme ou du garçon.
De plus, il y a des mots absolument interdits: valise, départ, vacances, femme, mari, fils, fille, attente, retard, et lunettes...



C'est pas des farces !

Je rappelle à celles et ceux qui ne conserveraient pas un souvenir précis de cet événement qui a défrayé la chronique familiale en 1927, que cette année là, mes parents ont quitté leur terre natale, la France, pour s'installer à Montréal P.Q.

Par un petit matin calme d'un automne particulièrement pluvieux, alors que les derniers rayons de lune faisaient briller les pavés luisants des quais du Havre, ils embarquèrent avec l'imprescriptible intention de faire fortune, toutes affaires cessantes.

C’est ainsi que nous fûmes richement dotés de la triple nationalité canadienne, française et québécoise, puis de quelques cousins germains en Europe.

Le croirez-vous, mais il est vrai que les tribulations de Michel Strogoff, James Bond et Indiana Johns réunis ressemblent à de pâles divertissements pour jeunes filles poitrinaires à côté des aventures de mon frère Roland, le garçon à l’écharpe jaune.

Or donc, apprenez que très tôt, il montra des dispositions particulières pour la musique, le dessin et la bagarre.

Une sévère éducation dans une école anglaise lui donna la maîtrise de la langue de Shakespeare. Mon père attendait de lui une parfaite maîtrise de la langue de Victor Hugo. Il lui offrit en prime une parfaite maîtrise de la parlure québécoise.

Nanti d'une solide réputation de blagueur, bluffeur, bonimenteur, gouailleur, esbroufeur et hâbleur, Roland appartient à la race de ceux qui n'ont pas besoin d'être là pour être présents.

C'est pas des farces !

Labor ipse voluptas* ou l’éloge des fonctionnaires

1ère contribution à Obsolettres

Le thème : Faire l'éloge des fonctionnaires.


Alors que nos dirigeants s’emploient à réduire le nombre des fonctionnaires au prétexte de diminuer une monstrueuse dette publique, je voudrais ici les mettre en garde.

Le fonctionnaire n’est plus cet herméneute à bretelles, chargé de l’interprétation des textes sacrés et condamné par des stéréotypes caducs à plier les heures sur les heures jusqu'à obtenir la somnolence la plus réglementaire possible.

Ces clichés ont la vie dure. Servis par une tradition papelarde millénaire, ils sont ancrés dans les mentalités depuis la nuit des temps, bien avant l’invention de la photographie.

Nos plus grands écrivains ont eux-mêmes contribué à faire de l’usager une victime du fonctionnaire. Le ministère est le lieu, disait Courteline, où ceux qui partent en avance croisent dans les escaliers ceux qui arrivent en retard, et Balzac écrivait qu’un fonctionnaire de troisième rang, pour peu qu’il soit débrouillard et qu’il veuille sincèrement se désennuyer, pouvait sans gêne ni effort prendre un décret et même le faire publier au journal officiel.

Pas étonnant, dans ces conditions, que lorsque tout se passe bien, l’usager se demande avec mépris à quoi les fonctionnaires peuvent bien servir, et quand tout va de travers, se demande avec indignation à quoi les fonctionnaires peuvent bien servir.

Ainsi, pour l’usager, que les choses aillent bien ou mal, les fonctionnaires ne servent à rien.

Et bien, je ne félicite pas l’usager qui profère une telle ineptie et je lui retourne la question : A quoi servent les usagers si ce n’est à contrarier le bon usage des services ?

Je n’irai pas jusqu’à demander la suppression des usagers, mais force est de constater qu’ils sont la plaie de la fonction publique. Les voyageurs se plaignent des chemins de fer. Les contribuables se plaignent des impôts. Jusqu’aux chiens qui mordent les facteurs !

L’usager devrait, bien au contraire, bénir le fonctionnaire, l’aimer et le payer abondamment.

Car, ne l’oublions pas, le fonctionnaire qui a réussi des concours difficiles pour obtenir son poste, et se lève tous les matins d’un bon à faire frémir ceux du Trésor pour assurer la permanence du service public, est mal payé. Chaque année, l’inflation transperce son pouvoir d’achat comme une vrille chauffée à blanc dans une demi-livre de beurre.

Et pourtant ! Que ferait l’usager sans le fonctionnaire ? En vérité, en vérité, je vous le dis, sa vie ne serait plus qu’une longue suite de cauchemars sans fin.

Il ressemblerait à ces misérables qui errent sur les chemins mal entretenus de la vie comme les mouches se promènent, des existences entières, sur des in-quarto sans comprendre un traître mot aux textes les plus simples.

Ne se lasserait-il pas rapidement de se faire agresser par les bandits de grands chemins (et même de petits) alors qu’il se rend chez son percepteur pour payer une amende ou ses impôts ?

Tous ces pauvres usagers deviendraient vite neurasthéniques et il ne leur resterait plus qu’à engourdir leur peine à petites gorgées, l’usage du tabac étant d’ores et déjà interdit.

Or l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

Aimons nos fonctionnaires pendant qu’il en reste encore. Je suis moi-même fonctionnaire et j’aime qu’on m’aime quand même.

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* Le travail est le plaisir même


Quelques notes d'Erik Satie

45ème contribution à Coïtus Impromptus

Le thème : Quelques notes d'Erik Satie.


Erik Satie apparut dans son éternel costume de velours gris, souleva d’un doigt son « chapeau ron’ » en guise de salut, s’assit au piano et entama un prélude flasque.

Pour un franc cinquante la soirée, ils ne méritaient guère mieux.

Il y avait cependant ce soir-là quelques habitués du Chat Noir : Gabriel de Lautrec, Vincent Hyspa, Raoul Ponchon et Alphonse Allais. Les conversations allaient bon train et personne ne lui prêta la moindre attention, même à un taux usuraire.

Est-ce le crâne de Voltaire enfant, posé sur le piano pour faciliter son inspiration ; est-ce le tableau unicolore suspendu au fond de la salle et baptisé « Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques le long de la mer Rouge » qui lui fit monter le sang à la tête ?
Toujours est-il qu’il était tellement en colère que s’il était rentré dans l’eau à ce moment là elle se serait mise à bouillonner.

Le capitaine Cap’ l’avait bien dit : ce vieux pirate a un point d’ébullition très bas !

Le regard coagulé sous des paupières en forme de fer à cheval, il se releva, se retourna, salua de nouveau et déclara péremptoirement « Les pianos, c’est comme les chèques : ça ne fait plaisir qu’à ceux qui les touchent ».

Heureux de son bon mot, il commença alors à jouer un morceau en forme de poire.

Il en servait toujours une tranche comme dessert musical aux clients de ce foutu cabaret !


mardi, octobre 10, 2006

Elle regardait les flammes détruire les derniers vestiges de son passé.

44ème contribution à Coïtus Impromptus

Le thème : Le texte doit commencer et/ou finir par "Elle regardait les flammes détruire les derniers vestiges de son passé".


Elle regardait les flammes détruire les derniers vestiges de son passé.

L'incendie avait pris des proportions inimaginables. Le vent attisait un feu qui se nourrissait de bonnes poutres bien sèches et de tout le bric-à-brac en bois qu'elles abritaient depuis des siècles.

Les flammes claquaient derrière les vitres cassées qui vomissaient de gros nuages de fumée noire. De longues gerbes d'étincelles zébraient le ciel de leurs sinistres étoiles filantes.

Les pompiers des casernes avoisinantes arrivaient en renfort dans la cour d'honneur du château. La température particulièrement basse de cette nuit là créait des difficultés inattendues.

Soudés à leurs échelles par l'eau de leurs lances que le vent glacial gelait instantanément, ces courageux soldats du feu étaient aveuglés par d'épaisses nuées, farcies d'étincelles, qui s'abattaient sur eux au gré des bourrasques sibériennes.

Vingt degrés en dessous de zéro les avaient transformés en statuts de glace. Leur efficacité était amoindrie. L'un d'eux, le visage noirci et les cheveux roussis, cherchait en vain à fuir le brasier.

Le vent avait poussé l’incendie jusqu'à l'extrémité de l’aile droite du château, à tel point qu’il s’était propagé aux écuries et que la jument grise était morte, asphyxiée.

La Marquise était accourue à l’appel de James, son fidèle valet, malgré les propos rassurants qu’il lui tenait. « Tout va très bien, tout va très bien », disait-il…

Ils étaient ruinés et son imbécile de mari avait renversé des chandelles en se suicidant.

Madame la Marquise était pensive.

dimanche, octobre 08, 2006

La preuve


12ème contribution à Paroles plurielles

La consigne 31 : Dans la forme qui vous convient (poésie, prose poétique ou prose) vous écrivez un texte à couleur surréaliste comme la photo nous y invite...
Incipit : Au matin, le verre était vide.

La preuve

Au matin, le verre était vide.

Il n’y avait donc plus de doute possible : Il était passé.

On s’était moqué de moi. On m’avait affirmé qu’il n’existait pas, mais j’avais raison et je tenais une preuve tangible et irréfutable : le verre était vide !
Il avait bu le verre posé sur le rebord de la cheminée à son intention. Ensuite, il était reparti sur son traîneau après avoir distribué les cadeaux autour de ladite cheminée…

Bon. Je tenais la preuve qui me manquait. Il existe. Je l’avais bien dit.

Alors, je vous en prie, ne niez plus que les étoiles soient les pâquerettes de Dieu, que les lapins soient les gnomes au service de la reine des fées.

Ne riez plus lorsque je vous affirme qu’un enfant naît chaque fois qu’une fée se mouche et que les montagnes saluent les colombes qui passent.

jeudi, octobre 05, 2006

Les messages du répondeur téléphonique

43ème contribution à Coïtus Impromptus

Le thème : Les messages du répondeur téléphonique


- Jo ! C’est Kevin. T’es pas là ? C’est la cata. J’ai pas commencé les maths pour demain. Rappelle-moi. Ca urge !

- Qu’est-ce que tu fous ? Où es-tu ? Je te laisse l’énoncé du problème et tu me rappelles avec la solution. Tu me rappelles, hein Jo ? Déconne pas. Ecoute : « Deux trains, séparés de 200 km roulent l'un vers l'autre. Chacun avance à 50 km/h. Une mouche part de l'avant de l'un d'eux et vole à la vitesse de 75 km/h jusqu'à ce qu'elle rencontre le second train. A ce moment, elle fait demi-tour, jusqu'à… (Clic… Biiip…biiip…biiip……)

- Merde, il est court ton répondeur. J’en étais où la mouche fait demi-tour…..
Attend !…..
Heu…
Ah oui : elle fait demi-tour, jusqu'à ce qu'elle rencontre le premier train, puis fait demi-tour jusqu'à ce qu'elle rencontre le second et… (Clic... Biiip…biiip…biiip……)

- Rappelle-moi, Jo ! Pitié ! C’est pas possible. On va pas y arriver…
…elle fait demi-tour, jusqu'à ce qu'elle rencontre le premier train, puis fait demi-tour jusqu'à ce qu'elle rencontre le second et ainsi de suite, jusqu'à ce que les trains la tuent en se croisant. Quelle distance totale la mouche a-t-elle parcouru pendant…. (Clic... Biiip…biiip…biiip……)

- C’est de la merde ton téléphone, Jo. J’vais péter un plomb si tu me rappelles pas ! J’y tue tout !
Quelle distance totale la mouche a-t-elle parcouru pendant ce vol ?
T’entends : Quelle distance ?
Rappelle, Jo. Rappelle. J’en peux plus. C’est une question de vie ou de mort…

De retour avec ses parents de leur résidence en Floride, Jo alluma sa télévision comme il le faisait chaque fois qu’il pénétrait dans sa chambre. Une habitude, un réflexe. Le présentateur d’un journal commentait l’actualité : « Une véritable tuerie au lycée de Columbine : Kevin K. a tué sept de ses camarades de collège, un employé de la cafétéria et un professeur… »