vendredi, décembre 08, 2006

Les embouteillages

5 ème contribution à Obsolettres

Le thème : Ecrivez un texte où le ou les protagonistes se trouvent dans un embouteillage.

Paulo râlait tout seul dans sa voiture coincée au milieu du gigantesque embouteillage.

- Marre de ces grèves SNCF qui nous pourrissent la vie.

Il était loin d’imaginer à quel point il avait raison en prononçant ces paroles et ouvrit la radio pour passer le temps.
Clic – « … venez d’entendre la cinquième symphonie de… bizzzzz… criouïïïc… l’ouverture de France 24 que vous pouvez désormais visionner sur intern… tiouuuuiiiit… ise en examen par… chchchch… midables embouteillages qui paralysent toute la région … »
Paulo monta le son.

Après quelques mètres, la voiture fut à nouveau immobilisée.
Toc, toc, toc.
Une ombre noire tapait sur la vitre passager de son véhicule.
- Je vous prie de m’excuser. pourriez-vous m’emmener jusqu’à l’église du Christ Saint Sauveur ?
- Mais certainement, mon Père, montez seulement.
- Merci mon fils. Figurez vous que ma voiture est tombée en panne d’essence. Je pensais pouvoir me rendre jusqu’à la prochaine station service, mais avec ces embouteillages, j’ai vidé complètement le réservoir et j’ai du la laisser au bord de la route.
- Ah, ne m’en parlez pas ! Actuellement, c’est tous les jours comme ça. A cause des grèves de la SNCF.

Paulo jeta un rapide coup d’œil à la dérobée sur l’homme en soutane. Ce curé là était bizarre. Il en avait peu vu avec un nez aussi turgescent et une boucle d’oreille. Un curé de quartier ouvrier, se dit-il. Aujourd’hui, on voit des curés à la télé en blouson de cuir et cheveux longs. Les temps ont bien changé. Celui-ci avait l’air jovial.

Paulo s’énervait sur les touches de présélection de son autoradio
- Ah, les infos qui se répètent tous les quarts d’heures, on se lasse au bout d’un moment !

Clic – « vous n’avez pas le montant de la val… crrrrrr… »

- Ce poste marche mal. Je me demande ce qu’il capte. Je pensais qu’il se réglait automatiquement. J’ai encore été volé sur la marchandise.

Clic – « vous propose à présent le troisième mouvement bizzzzzz… »

- Décidément, il n’y a que le canal des infos qui fonctionne à peu près.

Clic – « Sept heures trente, nos rappels de l’actualité… »

- Connaissez-vous l’église du Christ Saint Sauveur, mon fils ?
- Naturellement, mon Père, je passe devant pour aller au travail.
- Alors, vous connaissez le raccourci en passant par la rue des Moufetards ?

« …pête accompagnée de fortes pluies et de violentes rafales a traversé vendredi la Fran…"

- Ah, tiens, non, ça. La rue des Moufetards, dites-vous ?
- Oui, une rue tranquille qui n’est certainement pas engorgée de voitures. On pourrait gagner quelques minutes.
- Ah, ben, c’est pas de refus. Dites-moi où elle est, dès qu’on l’aperçoit.
- Et bien, justement, vous pouvez la prendre, là, à cent mètres sur votre droite.
- Parfait ! exulta Paulo avec un certain soulagement.

« Un flash de dernière minute. Patrick Bourdayanne, dit « Le curé de campagne » s’est effectivement évadé du Centre psychiatrique de Saint Ylie. Nos correspondants nous le confirment »

- Mince, qu’est ce que fout ce camion de livraison en travers. Il y en a qui ne s’embêtent pas.

« … Le curé de campagne est un psychopathe extrêmement dangereux souffrant de troubles graves de la personnalité en cas de contrariétés… »

- Mais regardez, mon fils, on ne va pas y arriver. Regardez-moi ce con ! Mais c’est pas possible. Est-ce qu’il va dégager, nom de Dieu.
- Mon père, je vous en prie, ne blasphémez pas !

L’abbé tourna la tête vers Paulo. Ce dernier n’avait jamais vu un visage humain passer plus subitement du plaisant au sévère. L’abbé devint subitement un être antipathique au dernier degré, patemment hargneux et un répugnant furoncle qu’il avait sur le front se mit à mûrir brusquement.

« … L’homme a des tendances anthropophagiques perverses qui l’ont amené à commettre par le passé toute une série de meurtres particulièrement atroces. Sa maladie est incurable à ce jour et la récidive est à craindre fortement… »

Le faciès de l’abbé continuait de se déformer au point que cette fois la simple vue de son regard aurait mille fois suffi à jeter l'épouvante dans les rangs d'un bataillon de légionnaires parachutistes.

« …Après avoir assommé ou poignardé sa victime, il la dévore immédiatement… »

L’éclair d’une lame surgie de nulle part brilla dans la main de l’abbé.

« … l’individu est d’autant plus dangereux qu’il est intelligent et courtois et se dissimule sous l’habit du prêtre… »

Elle disparut entièrement dans l’abdomen de Paulo qui dit : « Ho ! »

« … la population est donc invitée a observer la plus grande vigilance et à prévenir la gendarmerie si elle aperçoit cet indiv… ».


2 commentaires:

Anonyme a dit…

La Babole a également réagi à cette actualité : http://lababole.arviblog.com/article-107286.html

Solange a dit…

C'est pas parce qu'il a une robe qu'il faut lui faire confiance.