samedi, octobre 09, 2021

Les feuilles d'automne


 Ah ! Mes amis, je suis contente de vous retrouver sur cette retenue d’eau. La chute n’est pas loin et qui sait ce que l’on deviendra lorsque nous l’aurons passée ? D’où venez-vous ? Je vous trouve tristes mines et ridées ! Et vous autres, là-bas, près des roseaux, étiez-vous trop exposées au soleil pour être aussi rouges ?


— Eh ! Curieuse ! On t’en pose des questions, nous ? Tu vois bien que l’on se repose. On est toutes fatiguées de s’être accrochées à la branche jusqu’à la limite de nos forces ! La saison a été dure. Coups de vent, orages, pluies diluviennes… Les saisons ne se font plus ! Toi, tu as l’air encore en forme. Comment fais-tu ?


— Oh ! Je n’ai pas de mérite. Je suis née sous un saule pleureur. N’imaginez pas que c’est triste. J’étais protégée par les copines des intempéries et je me balançais tranquillement au dessus de la rivière qui me roucoulait de petites chansons. La belle vie ! J’avoue que l’automne n’est pas ma saison préférée. On résiste, on résiste, mais il finit toujours par avoir le dernier mot. J’ai du quitter mon saule et me laisser porter au fil de l’eau. Je me demande si ce n’est pas pour cela qu’il pleure. C’est un arbre sentimental. Il ne se remet jamais de la perte de toutes ses feuillent qui le quittent en se jetant de désespoir dans la rivière.


Une feuille d’érable, très rouge, qui écoutait la conversation, crut bon de préciser que la vie était encore plus dure pour celles qui ne poussaient pas au dessus d’une rivière. Le vent aigre d’automne prenait un malin plaisir à les faire tourbillonner. Elles ne savaient jamais où elles allaient atterrir, et parfois, on les ramassait à la pelle !


Comme dans la chanson.


Aucun commentaire: