lundi, août 06, 2007

Le Rouy de Ruy


La consigne : Le texte doit commencer par : "ce que je venais de dire à la vieille Marquise Guy de Ruy était l'exacte vérité" .

Le texte doit s'inspirer d'une photo représentant une place vide dans un compartiment de train avec un journal abandonné.

Ce que je venais de dire à la vieille Marquise Guy de Ruy était l'exacte vérité.

Elle puait !

A ma connaissance, le langage humain ne possède pas d’épithètes à la hauteur de la situation.
Pour vous faire une idée de l’odeur qui est entrée dans le compartiment en même temps qu’elle, il vous faudrait passer une semaine dans un égout, ce qui m’épargnerait une bien oiseuse et approximative description.

La marquise Guy de Ruy était à l’image de son manoir en ruines. Elle se consolait par l'absorption à doses massives de cochonnailles hypercaloriques qui l’avaient progressivement transformée en une sorte de Caterpillar suiffeux. J’avais devant moi une choucroute complète avec sa garniture : les saucisses, les jambonneaux, le lard... beaucoup de lard. Il n’y avait que le fumet qui ne correspondait pas à ce plat régional. De toute évidence, La marquise Guy de Ruy ne vivait pas dans la crainte de se charger l’estomac ou de se corrompre l’haleine, et devait éviter de se laver les dents et les pieds, de peur de les déchausser.

Grandeur et décadence.

On n’aurait su lui donner d’âge. Pour sûr, elle n’était pas très très vieille, mais elle n’était pas de la première fraîcheur non plus. Sa chevelure frisée, relevée en torsade sur le sommet de la tête dégageait sans grâce une nuque grasse. Un observateur appliqué et imaginatif, qui ne se laisserait pas distraire par les canons éphémères de la mode, pouvait trouver dans cet édifice capillaire babylonien la marque d’une recherche esthétique. Son impression aurait été confortée par le trait de rouge à lèvres qui soulignait la fine moustache.

Je l’observais derrière mon journal. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je la vis poser une vieille valise sur ses vieux genoux dont elle sortit une vieille bouteille de muscadet suivie bientôt d’un vieux fromage de Ruy (prononcez « Rouy »).

N’y tenant plus, je me levai et lui dis « Ah non, Marquise! Le Ruy: jamais avec du muscadet ». Et je quittai précipitamment le compartiment.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La marquise de Ruy ne lavait probablement pas son pull avec du dentifrice...

(c'est bien connu : ça purifie la laine et ça blanchit les mailles !)

Solange a dit…

Il y avait de quoi déguerpir.