11ème contribution à Paroles plurielles
La consigne : Vous écrivez un texte court commençant par "Je ne l'aime pas, mais tant pis".
en vous inspirant de cette belle peinture (Guillemard)
Je ne l’aime pas, mais tant pis.
Les sentiments que je nourris à son égard - pour ce qui est de leur température - ne sauraient suffire à faire fondre un centigramme de suif.
Je ne supporte pas sa vie dissolue, ses fêtes incessantes où il s’agite comme un diable sur le piano. Croyez-moi, après une heure ou deux, ses aisselles perdent de leur charme et je ne vous parle pas des effluves de ses sudations pédestres.
J’abhorre surtout sa grossièreté et les propos scatologiques qu’il tient. Même avec sa mère.
Je déteste en particulier sa façon de rire. Il éclate d’un de ces rires exaspérants d’imbéciles bruyants et à pleine mâchoire dont il a le monopole.
Mais ce que je ne lui pardonne pas, c’est cette facilité qu’il a de composer, de jouer et de remporter des succès à répétition pendant que je peine, tendu corps et âme vers l’horizon sans cesse plus lointain de la réussite.
Qu’a-t-il donc de plus que moi ?
J’ai tout de même été compositeur de la cour puis directeur de l'opéra avant de devenir le Maître de chapelle de l'empereur.
Mais que peut valoir ma musique alors que l’on ne jure que par lui ? Que pèse ma carrière quand on répète à l’envi qu’il est génial, le plus grand de tous, l’incontournable, celui que tout le monde s’arrache ?
Allez ! Il est malade. A l’heure où je burine ces lignes lapidaires, il a besoin de moi pour écrire sous sa dictée les notes d’un requiem.
Non, je ne l’aime pas, mais tant pis. Je ne peux rien refuser à Mozart.
Antonio Salieri
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6 commentaires:
Je ne l'aime pas mais tant pis, il est "contre" les "basses" il en joue..... et n'apprécie les femmes qu'au delà d'un mètre soixante quinze et moi avec mon mètre soixante trois il m'ignore, ne me regarde pas, passe son chemin sans me voir. C'est un goujat, un malotru, qui cependant me ravit lorsque son archet glisse sur ses cordes mélodieuses. Non je ne l'aime pas mais je l'admire !
@Pénélope : envoie ton texte à Coumarine. Il est excellent.
Je ne l'aime pas, mais tant pis.
Mais tant pis, car ce qui me plaît
Ce qui me plaît, ce qui m'enchante
Ce qui m'enchante c'est le tango
Le tango que sa contrebasse,
Sa contrebasse et le piano,
Le piano, le bandonéon,
Le bandonéon font vibrer,
Vibrer et chanter dans le noir,
Le noir de ce bar argentin,
Ce bar argentin où je viens,
Je viens la nuit pour oublier,
Oublier que je suis à lui...
Bravo Gazelle ! Je vois que ce thème inspire beaucoup de blogueurs. J'espère que tu as envoyé ton texte à Coumarine sur son blog "Paroles plurielles".
Hé ben .. quel texte ! Tu t'es mis dans la tête de Salieri on dirait. Et puis, qui aurait pu refuser quoi que ce soit à Mozart quand on entend ses notes qui chantent et nous enchantent ?
Ce qui nous rend Salieri sympathique c'est qu'on a un peu de lui en nous.
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